Salle de consommation à moindre risques : mais que fait la police ?

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Salle de consommation à moindre risques : mais que fait la police ?

6 septembre 2012

Dans un article du Figaro daté du 5 septembre, les syndicats de policiers Alliance et Synergie, se livrent à une bataille de lieux communs et de préjugés, aux antipodes de l'expertise internationale sur les salles de consommation à moindre risque dont l'Inserm a fait une revue de littérature en 2010.

Selon eux, « ces lieux entraîneront inéluctablement une situation apocalyptique dans les quartiers ». Les salles s'installent dans des quartiers où il préexiste un fort usage de drogues dans l'espace public. Des années d’une politique française basée sur la seule approche répressive n'ont pu résoudre ce phénomène : décourageant les acteurs du soin et de l’action sociale, ces regroupements d’usagers précaires sur des zones géographiques sont au mieux déplacés par les forces de l'ordre, souvent pour finir par revenir au point de départ. Elles font vivre aux riverains des situations impossibles et exposent les usagers à des risques supplémentaires. L’expertise internationale montre que les salles, qui n’ont pas la prétention de résoudre à elles seules l’intégralité des nuisances de ces usages sur la voie publique, contribuent à les réduire sans augmentation de la criminalité. Le deal y reste d'ailleurs strictement interdit à l'intérieur comme à l'extérieur, et si ce contrat est rompu, les forces de l'ordre sont en droit d'intervenir : elles sont le fruit d'un travail commun entre les professionnels de santé, les collectivités locales et les forces de l'ordre.

Selon eux encore « ce type de dispositif ne fera que légaliser des comportements à risques et lever des tabous. ». Les salles de consommation n’ont pas créé l’usage de drogue dont l'évolution ne dépend pas de l'ouverture ou non de salles de consommation à moindre risque. L'expertise internationale montre qu’elles ne le font pas augmenter, ni dans la communauté, ni chez les usagers qui la fréquentent. Au contraire, ce sont des puissants outils d'accès au soin, y compris de la dépendance, pour les personnes en rupture avec le dispositif socio-sanitaire. En régulant des usages sauvages, en commençant à les encadrer, elles permettent d’ouvrir des solutions nouvelles à des personnes pour lesquelles d’autres propositions (sevrage notamment) ne sont pas encore possibles.

Les arguments développés dans l'article du Figaro reproduisent mot pour mot les mêmes fausses évidences que celles que nous avons entendus lors des débats sur la libéralisation de la vente de seringue en pharmacie (1987) ou pour l'avènement des traitements de substitution à l'héroïne (1995). Ils sont basés sur des peurs et des fantasmes, déconnectés des preuves scientifiques. La violence et l’insistance dans l'aveuglement ne peuvent qu'inquiéter sur la capacité de ces représentants à résoudre un problème complexe, celui des usagers en grande précarité qui consomment dans l'espace public en prenant des risques sanitaires et qui ne pourra trouver un début de solution qu'en associant des réponses complémentaires.

Le Chef de la police Suisse de Genève, rappelait dans une intervention sur les salles de consommation organisée par la mairie de Paris en 2011 «Pour la police, l'objectif premier est la vie de tous ses concitoyens, la réduction des risques participent à cet objectif» ! Les salles sont un maillon indispensable d'une chaîne qui va de la prévention, au sevrage en passant par la réduction des risques. Nous invitons les fonctionnaires concernés par ses questions, que nous sommes nombreux à côtoyer sur le terrain, à prendre connaissance des éléments du débat, dans toutes leur diversité, autrement qu'à travers ces postures outrancières!

Contact presse : Pierre Chappard – Tel : 06 63 55 65 55

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