Les éco-usages des drogues : mieux comprendre pour mieux agir - Colloque

La Chaire francophone de Travail social et politiques sociales de l’Université de Fribourg, l’Institut de démographie et socioéconomie de l’Université de Genève, la Haute école de travail social de Genève (HES-SO) et le GREA organisent un colloque francophone sur les drogues, intitulé "Les éco-usages des drogues : mieux comprendre pour mieux agir" le 26 janvier 2024 à l’Université de Fribourg. Les inscriptions sont ouvertes!

Les usages des drogues, souvent abordés sous des angles médicaux, pharmaceutiques ou déviants, peuvent aussi être perçus comme des ressources positives dans la vie quotidienne, la sociabilité et la santé. Le concept d'"éco-usages des drogues" explore la diversité des usages des substances psychotropes dans différents contextes sociaux. La perception de ces consommations, habituellement limitée à ses conséquences sanitaires ou juridiques, doit donc être comprise dans des contextes spécifiques. La qualification thérapeutique du cannabis et ou des thérapies psychédéliques suggèrent par exemple une évolution des perceptions établies. Le colloque analysera ces évolutions et ses conséquences sur la régulation sociale des substances psychotropes.

Les inscriptions sont ouvertes ! Inscrivez-vous ici !

Texte d'introduction au programme

Les usages des drogues sont souvent perçus dans leurs dimensions médicales, pharmaceutiques (avec un focus sur la molécule et ses effets) ou déviantes. Pourtant, il est possible, et surtout nécessaire, de les concevoir différemment. Qu’elles soient légales ou non, les consommations de drogues peuvent également s’intégrer comme des ressources positives à la quotidienneté, à la sociabilité, à la santé ou s’inscrire comme des appartenances socioculturelles distinctives. Le terme « éco-usages des drogues » permet de prendre en compte la diversité des relations que les individus entretiennent avec leur environnement et les sens de leur(s) consommation(s), c’est-àdire l’écologie des drogues.

Les dangers des consommations de drogues sont souvent réduits à leurs conséquences sanitaires et/ou juridiques ou comme la cause de l’addiction. Pourtant, tant les contextes dans lesquels les pratiques de consommation prennent sens que les manières dont sont catégorisés les produits selon les finalités et les effets recherchés sont déterminants à comprendre notamment à l’épreuve de certains phénomènes sociaux observables aujourd’hui. Par exemple, l’émergence (ou la réémergence) de certaines formes de consommations cadrées dans des collectifs ou des groupes structurés (Cannabis Social Clubs, stages chamaniques sous psychédéliques, soins communautaires avec substances, etc.) interroge les enjeux autour de la régulation sociale des usages et du statut des produits.

À partir de ces caractéristiques contextuelles, il s’agira également de saisir comment se construisent les représentations sociales des drogues refaçonnant le plus souvent les risques associés à leur ingestion en « bonnes » consommations.

Actuellement, des modalités de production ou des labels associés à certains produits participent de cette neutralisation des risques allant même jusqu’à la valorisation de l’idée du « bon pour la santé ». Qu’il s’agisse de « bio », du « terroir », « du local » ou encore de l’autoproduction, tous participent de cette tendance et modifient la manière classique d’appréhender les drogues.

Les frontières entre la déviance, la santé, le risque et le bien-être deviennent ainsi indistinctes, floues et même poreuses. La qualification récente du cannabis comme thérapeutique dans certains pays, mais aussi les expérimentations, certes marginales, dans le cadre des soins avec des produits psychoactifs jusqu’alors considérés comme des stupéfiants au regard de la loi et/ou dangereux pour la santé (champignons hallucinogènes pour soigner le stress post-traumatique, utilisation de psychédéliques pour certains troubles psychiques, etc.) peuvent également illustrer ce processus de malléabilité des catégories jusqu’ici usitées.

Ainsi, au vu de ces évolutions, mettre en rapport le(s) sens des consommations avec les contextes, en comprendre les formes de normalisation et leurs finalités permettra de questionner la manière de repenser les drogues en termes d’éco-usages pour une «éco-prévention» c’est-à-dire contextuelle et configurationnelle mais aussi économique comme régulation, organisation et adaptation à des buts escomptés. Autrement dit, il s’agira in fine de réactualiser les analyses, les pratiques et les politiques de santé publique sur les drogues.